Au théâtre ce soir

Mardi 20h00, soirée théâtre,

Après une marche sportive et un jeu de piste niveau 9 sur 10 dans les rues du Caire, nous arrivons au théâtre El Gomhouria (=« la république »). Le site internet du théâtre donne quelques informations utiles dans un français google translation succulent pour les amateurs.

La pièce, (« J’aurais voulu être Egyptien »), tirée du roman Chicago de l’écrivain égyptien Alaa al Aswani (connu aussi pour L’immeuble Yacoubian), était interprétée par une troupe d’acteurs francophones, et sur-titrée en arabe.
Le jeu des acteurs était un plaisir et la pièce intéressante et très osée (politiquement et culturellement), surtout cul-turellement !
Le théâtre en lui-même est un édifice moderne et la salle de taille moyenne peut accueillir 648 spectateurs dans des fauteuils confortables.

théâtre Le Caire

Entrons dans le vif du sujet, et asseyons nous dans la salle…, après une annonce très claire en arabe et en anglais demandant à tous de couper son téléphone portable les lumières s’éteignent et la performance commence. Etant assis haut dans la salle nous avions une bonne vue sur la scène mais il fallait tendre l’oreille pour entendre la voix des acteurs, car couverte par le ronron de la climatisation poussée à plein régime diffusant un courant d’air polaire, par le va-et-vient incessant des spectateurs, les raclements de gorges, les discussions, les fermetures éclair de sac, les grignotages de graines en tout genre et oh surprise par les sonneries tonitruantes des téléphones  (ces gens sont accros du portable, et ayant tous sûrement des fonctions hautement importantes, ils ne peuvent en aucun cas s’en séparer, le mettre en mode silence et encore moins le couper). Nous avons compté une douzaine de sonneries seulement durant la première heure et demie (ce qui fait une moyenne d’une sonnerie toute les 7 minutes 30 !).

théâtre Le Caire

Le jeu des acteurs peut être excellent, les décors jolis et la mise en scène impeccable, il est quand même difficile de s’immerger dans la pièce dans ces conditions. Cerise sur le gâteau, parfois et cela sans la moindre gêne, certaines personnes répondent carrément aux appels, pour vous donner une idée de ce que cela peut donner :

Acteur : Me voila enfin arrive a Chicago
Telephone-man : Allô
A : enfin l’Amérique
T : ALLO !
A : je suis curieux de savoir où je vais habiter
T : au théâtre
A : sûrement sur le campus universitaire ?
T : AU THEATRE !
A : j’espère que je vais y rencontrer des filles
T : non elles sont avec moi
A : jolies et intelligentes
T : NON ! AUCUN RISQUE ELLES SONT AVEC MOI
….

Emy lui aurait arraché la langue avec un plaisir non dissimulé, mais il a heureusement raccroché 2 secondes avant le début du massacre.

Comme je l’ai dit plus haut, la pièce étant osée et critiquant le régime de Moubarak, chaque réplique qui avait pour objet la dénonciation de l’ancien pouvoir et de sa corruption donnait lieu a des applaudissements. Cela n’aidait pas beaucoup à la compréhension, mais il est possible que ce soit un réflexe de survie pour se réchauffer.

Nous voilà à l’entracte. Après avoir joué des coudes pour sortir du théâtre frigo, nous nous retrouvons dans le hall au milieu d’une énorme cohue, la présence de l’écrivain en pleine interview au beau milieu du passage n’aidant en rien à l’écoulement de la foule.

Alaa El Aswani

Alaa El Aswani

Notre intérêt pour la pièce émoussé, et surtout n’ayant pas prévu nos anoraks, nous n’avons pas eu le courage d’y retourner pour la seconde partie…