Tea Boys, mésaventures, et traffic de papier toilettes

Alors que dans la plupart des entreprises, on va chercher son café à la machine à café contre des sous ou avec une clé, ou bien à la cafetière commune ou la machine nespresso, ici, nous avons des tea boys. Les tea boys, comme leur nom l’indique, sont chargés du thé et du café. Leur travail consiste à apporter une ou plusieurs fois par jour leur boisson aux personnes qui le demandent. Les chefs n’ont pas besoin de demander, les tea boys connaissent leurs préférences par coeur. Pour les autres, cela dépend. Soit, on va chercher son café dans leur petite cahute, soit on les appelle, soit ils se rappellent qu’on prend par exemple un café le matin, sans sucre, et nous l’apportent. Le café étant du nescafé en poudre bon marché, et le thé des sachets lipton, mais bon… Il y a aussi du café turc, le tout petit café avec plus à manger qu’à boire. La guitoune des tea boys :

Le Caire

Quand on va leur demander un nescafé, ils attrapent notre tasse (ils connaissent les propriétaires de chaque tasse par coeur, c’est impressionant), font bouillir l’eau, et mettent soigneusement une cuillère de nescafé dans la tasse, touillent, et petit détail qui me plaît toujours beaucoup, ils enlèvent soigneusement l’écume qui flotte à la surface…

Donc, bref, tout au long de la journée, on les voit passer chargés de leurs plateaux, on se croirait presqu’au café du coin. Chacun à son domaine. Celui qui s’occupe de notre aile, Ashraf, avait eu un problème, je crois qu’il s’était violemment disputé avec son frère, et ses nerfs ont lâché, ce qui fait qu’il a été en arrêt pendant plusieurs semaines. Nous étions contents de le revoir… Là, il s’est blessé au pied. Je soupçonne que ce soit dans le même accident de moto que cet autre collègue, Shaben, car ils se sont mis à boîter du même côté le même jour. Je les ai vus traverser la cour de concert, du même pas cloquediquant…

Shaben, lui, s’occupe de l’intendance générale, c’est-à-dire qu’il remplace les bonbonnes d’eau, remet du papier dans les toilettes, donne un coup de serpillère quand il y a eu du café renversé dans un couloir ou que le jardinier a trop arrosé les plantes,  fait diverses petites courses à la demande (achat de médicaments, vêtements à mettre au pressing, etc.), pour lesquelles il reçoit généralement un petit pourboire. Notre private joke c’est « ouh la la » chaque fois qu’on se croise, depuis un jour de khamsin (le vent du désert qui rend l’atmosphère toute jaune), où il nous a entendu, ma collègue française et moi, dire « ouh la la » en regardant le ciel.

Dernièrement, un soir, ce pauvre Shaben s’est fait vertement reprendre par un chef, au motif qu’alors qu’il mettait plusieurs rouleaux le soir, il n’y avait plus rien au matin. Il était donc soupçonné d’un traffic de papier toilettes… Ce qui est un peu triste… Et puis il faut voir la qualité du papier en question. La consommation de papier toilettes est très importante, parce qu’il sert de torchon pour s’essuyer les mains, et même les pieds et le visage chez les hommes, avant chaque prière, il sert aussi d’essuie tout, et la qualité étant pourrie, il en faut deux fois plus pour qu’il puisse faire office de serviette éponge ou de torchon.

Eh oui, tout cela fait partie de notre vie aussi !