Makan Musique égyptienne

Cette petite salle de concert tient plus de la cave underground haute de plafond, avec ses murs délavés, ses chaises en bois et ses tabourets de bar, ses vieux plafonniers de western pendus au bout d’un fil, sa mezzanine-balcon, et sa scène se réduisant à un espace laissé libre au milieu des spectateurs, que du stade de france.

L’ambiance est chaleureuse et dorée. Voir deux extraits ICI.

Le groupe se produisant ce soir-là est composé d’une dizaine de chanteurs et de musiciens, hommes et femmes en habits traditionnels (galabeyas pour les hommes, voiles noirs attachés par un nœud sur le côté et robes pailletées pour les femmes), dans la soixantaine.

Voir deux extraits ICI.

Makan Caire

La première partie du spectacle est d’inspiration orientale. Nous avons la « Diva », qui chante des histoires que nous ne comprenons pas, de sa voix profonde et souriante. Elle est visiblement ravie de tenir le devant de la scène. Derrière elles, les femmes jouent du tambourin et font les chœurs, accompagnées des hommes au tambour ou à la flûte. Il y a aussi « Miss castagnettes », petit bout de bonne femme gironde mais agile, qui nous enchante de sa danse endiablée.

Makan Caire

A l’entracte, les gens sortent sur le pas de la porte (Makan Cairo est en plein centre, à la sortie de métro Saad Zagloul, soit à 2 minutes du Parlement, et à 5 de la place Tahrir. D’ailleurs, ce soir-là, nous avons entendu dire après coup qu’il y avait des manifestations devant le Parlement…). D’autres disparaissent derrière un rideau et en reviennent avec un verre de thé à la main.

Le concert reprend avec un morceau de 20 minutes qui offre un spectacle… époustouflant ! Deux hommes (la soixantaine, toujours), l’un très mat de peau, l’autre un peu moins, se trémoussent pour faire résonner le collier de coquillages accrochés en ceinture autour de leur hanches. L’effet produit est celui de grosses maracasses. Le rythme est endiablé.

Makan Caire

Nos deux petits compères grisonnants, hilares, les coudes repliés tels des ailes, se dandinent avec une belle ardeur pendant toute la durée du morceau, sous nos yeux fascinés et admiratifs. Leur bonne humeur et leur énergie est communicative. Les autres musiciens ne sont pas en reste, et nos deux stars (« Miss castagnettes » et la « Diva ») reviennent danser de plus belle. Derrière tout cela, un homme joue d’un instrument étrange, hybride de guitare et de harpe (une guitare à laquelle on aurait ajouté un autre manche, posé devant le musicien sur une chaise et un coussin, et entre ces deux bras à angle de 60°, l’on aurait tendu des cordes).

Le morceau suivant démarre avec une calme mélodie de l' »homme au pipeau » (une sorte de flûte en fait, mais nous n’en connaissons pas le nom), jusqu’à que la « Diva » vienne le pousser du coude pour reprendre la parole de sa belle voix. La fin du morceau est à nouveau un déchaînement de rythme et d’énergie, et je comprends tout à coup pourquoi les tambours sont incurvés…

Nous ressortons du concert avec l’impression d’avoir vécu un moment magique, d’avoir reçu un cadeau exceptionnel de la part de ses musiciens magnifiques, burinés par le soleil, et talentueux.

Plus d’infos : http://www.egyptmusic.org/