Carrefour de la mort
Carrefour – vendredi – 11h30
Votre mission, si vous l’acceptez, sera de faire vos courses un vendredi midi chez Carrefour, lors du 10ème anniversaire du magasin…
Tout commence normalement, la ring road roule correctement, les véhicules avancent en zigzags comme d’habitude, les camions roulent de front, toujours comme d’habitude, nous ne ratons pas la sortie, nous parvenons à nous garer malgré la famille qui squatte notre place avec son chariot, et nous passons sans encombre le portique de sécurité.
Puis…
Nous traversons la galerie commerciale et pénétrons dans le Carrefour. Et déjà, ça se corse. Cependant, nous atteignons une miche correcte sans mise de pain, jetons un œil dépité sur les pains au chocolat tout fripés, ne prenons pas d’artichauts squelettiques, et sélectionnons deux bouquets de basilic que Geo va peser auprès de la seule et unique balance de tout le rayon. Il en profite pour aider une petite fille à peser son unique sac de légumes, au nez d’une mégère qui en avait au moins 20 et l’empêchait de passer. Pendant ce temps, Emy va chercher un filet d’oranges, et déjà, une petite ampoule rouge se met à clignoter : tiens, tiens, deux caddies s’arrêtent de front au milieu de l’allée pour discuter… Ca me rappelle quelque chose….
Nous continuons. Conserves, eau, yaourts, sacs poubelles… Geo a un petit rire hystérique en passant devant le rayon fromage à la coupe, où il a attendu, à sa dernière visite, la bagatelle de 45 minutes, le temps que chaque client se fasse couper son fromage en tranches fines, en losanges, en étoiles, et que sais-je encore ? Il nous fallait du fromage à raclette pour une tartiflette, donc le sacrifice était nécessaire cette fois-là, mais pas aujourd’hui. Nous poursuivons notre chemin.
Nous slalomons entre les caddies lents, les caddies abandonnés en travers de l’allée, les mémères qui discutent comme au salon de thé, les enfants qui batifolent. Nous arrivons au rayon télévision. Justement, c’est le 10ème anniversaire de Carrefour et elles sont en promo ! Des dizaines et des dizaines d’écran plats, plasma, pas plasma, 3D, pas 3D, des trucs qui sautent et qui parlent et qui courent en simultanés, ça donne le vertige, sans compter les dizaines et dizaines et dizaines de clients, qui s’agglutinent tout autour…
Au secours ! Fuyons avant qu’il ne soit trop tard ! Mais là, au détour d’un rayon, vision cauchemardesque : la voie est barrée par un énorme embouteillage de caddies !
Il n’y en a pas un seul dans le sens de la marche normale ! Et personne ne semble décidé à démêler ce bourbier ! Des femmes âgées sont assises sur les caisses d’eau en attendant des jours meilleurs, des enfants se roulent par terre, pendant que les parents discutent peinards au milieu de ce cauchemar ! Comment va-t-on se sortir de ce traquenard?!
Et c’est parti, écartage de grosses bébêttes à roues, sourires mielleux et crispés aux personnes qu’il faut refouler sur les côtés. Au moins, nous avons des vivres et de l’eau. Nous apercevons au loin un collègue, seul au milieu de cette débâcle, et pas même son fidèle Wilburt pour le protéger ! Nous le saluons au passage et faisons comme si nous n’avions pas vu la lueur désespoir au fond de ses yeux…
Quand enfin nous parvenons à atteindre les caisses, à payer, à ressortir du carrefour… horreur et damnation ! Des animaux géants foncent droit sur nous ! Un lapin, un Mickey, un Donald, un Pluto ! Help ! Geo parvient à embobiner le canard géant, tandis qu’Emy continue d’entraîner le chariot vers la sortie de la galerie, et que le lapin géant se fait plaquer par les gardes sécurité.
Ouf, courses dans la voiture, retour sur la ring road, mission accomplie !
Pingback: 10 conseils pour la vie quotidienne au Caire | Azimut Monde